Les meilleures plantes pour un bassin de jardin
Les plantes de bassin (cryptophytes hélophytes) sont simplement les plantes aquatiques qui poussent avec, au moins, les racines immergées dans un plan d’eau. Pour créer un bassin d’aspect naturel, une bonne sélection de plantes de bassin aquatique est très importante. Il existe des centaines de variétés parmi lesquelles choisir et elles sont de toutes formes, tailles, textures et couleurs de fleurs.
Rôle et différences :
Les plantes de bassin peuvent être entièrement submergées sous l’eau. Elles sont spécialement adaptées pour survivre à la fois dans et hors de l’eau, donc les immerger dans l’eau pendant de courtes périodes est parfaitement bien. Par comparaison, les plantes de berge ne supportent pas (ou si peu) l’immersion totale, même sur une courte durée.
Les plantes de bassin sont des hélophytes poussent dans des eaux (assez) peu profondes, près du bord des plans d’eau et dont les feuilles sont émergées, au-dessus de la surface de l’eau. Elles sont aussi importantes que les plantes oxygénantes pour la vie saine de l’étang car elles assurent souvent un rôle de plante filtrante. Les plantes à fleurs indigènes sont excellentes pour attirer les insectes volants, tandis que leur feuillage offrira un abri à la faune aquatique ainsi qu’un habitat pour la ponte des œufs.
Les plantes des tourbières, souvent confondues avec les plantes de bassin marginales, poussent dans un type particulier de zone humide au sol très acide.
Si la plante aquatique (cryptophyte) est une définition générale des hydrophytes au sens large, la plante de bassin est comprise comme une hélophyte vivant enracinée dans la vase mais avec un feuillage au-dessus de la ligne moyenne du niveau d’eau du plan d’eau. Beaucoup de plantes de bassin peuvent vivre dans un marécage.
Qualité de l’eau et exposition :
L’eau n’est pas un élément naturel homogène : elle peut être en mouvement ou stagnante, acide, neutre ou basique, permanente ou temporaire, etc. Chaque plante s’est adaptée à son milieu de prédilection. Ainsi, certaines espèces exigent un milieu très spécifique (un nénuphar ne poussera pas dans une eau courante), mais la majorité possède une grande faculté d’adaptation.
En règle générale, une eau faiblement acide à ph 6-7 est préférable à une eau alcaline, et permettra un choix plus important de végétaux.
Généralement, dans un étang, l’eau respecte naturellement cette condition de faible acidité. Dans les bassins de jardin, il faut quelquefois adapter. L’eau de ville peut être utilisée, à condition de la la laisser se déchlorer au contact de l’air (une journée) avant de l’introduire dans un bassin en quantité importante.
La charge en matières organiques et inorganiques de l’eau peut varier en fonction de sa provenance et risque d’influencer le développement d’algues unicellulaires et filamenteuses. L’utilisation excessive d’engrais peut être considérée comme un phénomène de pollution, car elle entraîne la concentration d’éléments minéraux et organiques dans les plans d’eau (par un phénomène de drainage). Les plantes de bassin (et toutes celles aquatiques) vont alors jouer un rôle important, e régularisant le pH, en oxygénant le milieu, et en participant à la fonction épurative, et ainsi permettre l’établissement d’un bon équilibre biologique.
La plupart des plantes aquatiques, et les plantes de bassin ne font pas exception, nécessitent un emplacement bien ensoleillé. Quelques-unes, cependant, apprécient une situation ombragée : Caltha palustris par exemple.
Dans les régions très chaudes, il est préférable de prévoir l’emplacement d’un bassin légèrement à mi-ombre, surtout si vous désirez y introduire quelques poissons. Sinon, des plantes comme les nénuphars permettent de limiter les réchauffements d’eau grâce à leur large feuillage étalé en surface.
Une règle générale : l’ensemble des plantes aquatiques (immergées partiellement ou totalement) ne doit pas recouvrir plus d’un tiers de la surface du plan d’eau, pour permettre des échanges gazeux corrects.
Plantation :
Certaines plantes de bassin sont plantées jusqu’à 1 m de profondeur (au plus proche des nénuphars) mais également à faible profondeur (toutefois, au moins 15 cm de couche d’eau). Les plantes de bassin ont toujours les racines immergées.
Les plantes aquatiques de bassin peuvent se contenter d’un substrat constitué de terre argileuse ou argilo-sablonneuse, non calcaire. Cependant, pour obtenir une végétation plus développée, il est préférable d’enrichir la terre en y rajoutant environ 30 % de terreau bien décomposé (mais pas du compost trop léger qui remonterait à la surface). En général, il faut éviter les terreaux dont l’usage n’est pas spécifiquement dédié à celui d’un milieu aquatique (trop riches en tourbe blonde et écorces).
Un substrat adapté à la majorité des plantes de bassin est constitué de 40-50 % de terre argileuse, 30 % de sable de rivière (non calcaire) et 20-30 % de terreau bien décomposé. Le mélange peut se faire dans une brouette dans laquelle vous rajouterez une poignée de corne broyée qui assurera un bon complément nutritif pour une longue durée.
À savoir : un substrat trop riche en terreau peut être à l’origine de maladies cryptogamiques, aussi il est préférable d’utiliser un support de culture essentiellement constitué de terre argileuse.
La meilleure période de plantation s’étend des mois d’avril à juin, et peut être prolongée jusqu’en septembre (pour l’année suivante).
Comme pour toute plante aquatique, la question de planter en conteneur ou directement dans le substrat se pose !
Les conteneurs permettent de manipuler les plantes aisément pour rentrer en hiver les plantes sensibles au froid, changer de décor végétal, isoler les plantes les unes des autres pour en limiter la croissance ou les protéger de la concurrence des autres. C’est la solution la plus pratique pour les petits bassins car l’entretien sera plus facile, et c’est la seule pour la culture en potées (petits bacs, tonneaux et bassin préformés).
Dans les points d’eau naturels (mares, étangs et lacs), la plantation se fait en pleine terre ou dans les fonds vaseux, avec des plantes non gélives.
Pour un bassin artificiel, prévoyez des zones de plantation aménagées à des profondeurs différentes, permettant la culture de plantes variées. Ces zones peuvent soit directement recevoir le substrat, soit servir de support pour poser des conteneurs.
Espaces et profondeurs à respecter :
Un impératif : pensez à la place que les plantes de bassin (dont certaines deviennent grandes) vont occuper dans quelques années ! Ne plantez jamais trop serré : un décor constitué de belles masses végétales bien développées est préférable à un fouillis de plantes plus difficile à gérer.
Les profondeurs et distance à respecter pour chaque plante sont généralement précisées dans la fiche de culture de l’espèce. Si cette donnée est inconnue ou non précisée, fiez-vous à l’envergure générale de la plante une fois « adulte ».
Pensez aux associations de forme de feuillage, jouez avec les couleurs et les époques de floraison, utilisez des plantes à feuillage panaché pour éclairer une scène végétale.
À se rappeler : pour les plantes à rhizomes très envahissantes (joncs et roseaux), il est conseillé de limiter leur expansion et densifier leur colonie en mettant un barrage radiculaire (barrage pour les rhizomes-racines). Il peut être formé de plaques de plastique ondulé coupées à 40 cm de largeur, enfoncées dans le sol jusqu’à une profondeur de 35 cm environ (pour les joncs et roseaux), en les inclinant légèrement.
Techniques de plantation :
Les techniques de plantation dépendent du type des plantes et de leur conditionnement à l’achat.
Les plantes à racines nues proviennent de la division de pied-mères. Si vous les avez commandées par correspondance, à leur réception, mettez leurs systèmes racinaires dans l’eau, dans l’attente d’une plantation qui devra se faire rapidement.
Les plantes en godet demandent une vérification du chevelu racinaire (radiculaire). S’il est très développé, il faudra le démêler légèrement en écartant les racines et tailler les racines trop longues. Il peut arriver que les plantes en godet aient tendance à remonter et flotter, c’est le cas avec des terreaux de culture par assez riches en terre argileuse. Utilisez alors une pierre posée en partie sur la motte pour bloquer la plante au fond.
Les plantes en conteneur nécessitent fréquemment un rempotage avant l’immersion, pour prévoir l’avenir. Évitez de mélanger les espèces dans le même conteneur, pour éviter la concurrence. Si vous avez des poissons, pensez à recouvrir le dessus du pot avec de petits cailloux.
La plantation en pleine terre dans l’eau ne présente aucune difficulté (sinon celle de plonger à la bonne profondeur). Faites un trou en écartant doucement le substrat vaseux, avec les mains pour éviter d’abîmer la bâche si elle existe. Positionnez la plante et ramenez délicatement le substrat autour de celle-ci.
Entretien :
La jardin aquatique peut devenir un paradis pour beaucoup, mais malheureusement un cauchemar pour ceux qui n’ont pas la patience nécessaire d’attendre que l’équilibre s’installe.
Il est vrai qu’une fois le bassin terminé, la mise en place des plantes effectuée, tout est parfait… Mais rapidement, à cause de la mise en suspension de matières organiques et de sels minéraux provenant des substrats de plantation, l’eau peut devenir verte ou trouble, des algues filamenteuses vont apparaître et une inquiétude naît.
Que faut-il faire ? Vider le bassin tous les mois pour le nettoyer, effectuer des traitements répétés avec des produits onéreux ? Non, tout cela est inutile : patience, tout va rentrer dans l’ordre avec l’aide des plantes aquatiques, mais parfois, l’étape est longue pour retrouver une eau limpide. Prenez néanmoins la peine de retirer les algues filamenteuses avec un râteau afin d’en limiter le développement.
Si le problème persiste, cherchez en la cause : trop de poissons, une famille de canards perturbateurs, un Labrador joueur, ou encore un bassin de trop faible profondeur subissant de fortes variations de température…
Cette croissance excessive peut poser des problèmes importants dans la gestion d’un plan d’eau.
Durant l’été, coupez les fleurs fanées et les feuilles abîmées pour éviter de polluer l’eau. Compensez les pertes par évaporation en maintenant le niveau d’eau.
Hivernage :
En fin de saison, la végétation va affronter le froid, les feuillages vont se faner. Il est alors temps de prévoir la protection des plantes frileuses. Les pots de Thalia dealbata, Pontederia lanceolata, Cyperus alternifolius seront descendus dans des eaux plus profondes. Sinon laissez les feuillages flétris sur les végétaux pour leur procurer une protection hivernale. Peu de feuillages sont persistants l’hiver, mais les feuilles et tiges fanées peuvent constituer un nouveau décor.
Si vous avez cultivé quelques exotiques (Cyperus papyrus...) abritez-les en serre chaude ou tempérée pour ne les ressortir qu’au printemps suivant.
Après l’hiver, dès la reprise de la végétation, nettoyez les plantes en éliminant toutes les parties fanées pour permettre aux jeunes pousses de bien se développer. C’est aussi le moment de profiter des premières journées ensoleillées pour désherber vos plantations si nécessaire. Le printemps correspond aussi à la période de multiplication de la plupart des végétaux aquatiques.
Fertilisation :
Cultivées en pleine terre, les plantes de bassin trouveront naturellement dans la vase les éléments nutritifs pour leur croissance. Pour des végétaux à fort développement ou une vase trop pauvre, un apport d’engrais sera effectué à chaque printemps.
En revanche, pour la culture en conteneur, un rempotage régulier ou un apport d’éléments fertilisants est indispensable. Pour être luxuriante, une plante gourmande nécessitera un rempotage annuel complété d’une fertilisation en période de croissance (printemps).
Les engrais enrobés, dits à libération lente, disponibles en jardinage sous forme de « tablettes » (bâtonnets) ont l’avantage de pouvoir être utilisés pour fertiliser des plantes déjà en place. Il suffit alors de les enfoncer dans la vase à proximité des racines. Évitez surtout l’emploi d’engrais soluble en pleine eau car il profitera aussi aux algues (et certaines bactéries) : cela va troubler l’eau.
Attention : une fertilisation trop abondante rend les plantes plus sensibles aux maladies.
Choix des plantes :
Selon la taille du bassin, on peut mettre en valeur une seule belle plante ou faire une composition de trois ou quatre espèces au port différent.
Quelques exemples :
Les populages (Caltha alba ou Caltha palustris) peuvent créer un point focal. Pensez aussi aux moins connus flûteaux fausse-renoncule (Baldellia ranunculoides). Orontium aquaticum (bougie d’eau) convient bien à de petits espaces. Le trèfle d’eau trifolié (Menyanthes trifoliata) offre une vue surprenante.
Les potamots (Potamogeton sp.) seront préférentiellement disposés dans des bassins avec une bonne hauteur d’eau pour que leurs turions puisse hiverner dans la couche de vase au cours de l’hiver.